Articles divers
Marion Cheung
Articles sur la gravure
A savoir : Ce partage n'a pas pour vocation de donner un modèle précis à suivre mais de montrer et d'expliquer une façon de procéder, notamment pour les personnes qui souhaiteraient s'initier à la gravure en relief. Pour cet article, j'ai choisi de montrer un projet actuellement en cours, faisant suite à des travaux réalisés en 2019. Mes sources d'inspiration sont diverses, et j'ai tenté de réunir des éléments déjà présents dans des travaux précédents afin de poursuivre ma recherche plastique. Dans ce premier article, je propose de montrer le processus que j'emprunte avant de commencer à graver une nouvelle plaque. 1. La recherche Tout d'abord, je commence à réfléchir à ce qu'il m'intéresserait de représenter. J'essaie de cerner le type de travail que je souhaite réaliser, que celui-ci soit en continuité avec les travaux précédents, ou qu'il s'inscrive dans une démarche autre, nouvelle. Lorsque j'ai enfin trouvé le projet vers lequel je vais m'orienter, je commence à poser les bases du dessin préparatoire. Pour ce projet en l'occurence, je me suis inspirée d'une peinture du XIXème siècle pour la pose, et de cires anatomiques italiennes pour l'anatomie. En partant de divers supports iconographiques ou même scientifiques, je commence à tracer les grandes lignes du projet. 2. Le dessin préparatoire Je commence donc par esquisser et dessiner les grandes lignes du dessin préparatoire, au crayon à papier. J'utilise soit : - un papier blanc sur lequel j' emploie alors des feutres noirs de différentes tailles et épaisseurs. - un papier noir, sur lequel j'interviens avec des marqueurs blancs relativement couvrants. Cet article se concentrera davantage sur un dessin sur papier noir. Je commence donc par tracer les lignes principales du projet, au crayon à papier. Il est intéressant de savoir que le crayon à papier est visible également sur papier noir, comme vous pouvez le voir sur la photographie du dessin dans son entièreté. Ensuite, je viens définir les formes à l'aide des marqueurs blancs, ce qui me permet d'avoir un aperçu plus direct de la répartition entre les futures parties en réserve et en relief. Il faut savoir qu'en taille d'épargne, les parties creusées, apparaîtront en blanc à l'impression, et les parties non gravées recevront l'encre en surface. Lorsque je souhaite modifier le dessin et renforcer certaines parties avec du noir, j'utilise simplement un feutre fin noir, et je redessine par dessus les parties réalisées avec les marqueurs blancs. Cette façon de faire permet, selon moi, davantage de repentirs possibles, une facilité d'éxecution, et aussi une plus grande visibilité sur le résultat du projet final. Pour le cadre et les motifs décoratifs qui le composent, j'ai recours au calque pour reporter le dessin original du premier quart. Ainsi, il n'y presque aucun décalage et les proportions sont conservées. 3. La finalisation du dessin préparatoire Je continue d'utiliser les marqueurs blancs et feutres noirs, en alternant leur utilisation selon les besoins inhérents à la création du dessin. J'essaie de m'assurer que l'harmonie recherchée entre le blanc et le noir corresponde à mes attentes. Je n'exclus pas la possibilité de réaliser d'autres dessins avant de me lancer dans la gravure elle-même. Enfin, s'il s'agit d'un projet aux dimensions relativement importantes (format A2 et au-delà), je me réserve un temps de réflexion et de repos du dessin afin de laisser refroidir mes impressions premières.
La gravure Le procédé

Après avoir reporté ou réalisé le dessin avec une certaine exactitude, il convient de suivre scrupuleusement les lignes tracées, si toutefois on souhaite un résultat imprimé proche de celui du dessin.
Dans le cas de figure de ce projet, la matrice a été retaillée puis le dessin préparatoire directement réalisé sur la plaque. En premier lieu, l'esquisse s'est faite au crayon de bois, puis elle a été repassée au feutre fin noir afin de procurer une plus grande visibilité (pour graver avec davantage de confort ensuite).
Ici, je souhaite réaliser un projet dans lequel motifs et figure humaine se croisent, avec un visuel assez "propre" et clair visuellement. Tout dépend du type de rendu souhaité et il n'y a pas de manière de procéder qui soit plus valable qu'une autre selon moi. Ces conseils restent uniquement fondés sur mon ressenti et mes attentes en matière de visuel.
Je commence par graver les parties de manière soit méthodique (le fond en premier par exemple), soit de manière plus anarchique, en fonction de mes capacités du moment (capacité de concentration notamment).
Les parties gravées à l'aide de différentes gouges, recevront l'encre en surface, et ce qui a été creusé, sera en réserve, et donc blanc. Ce procédé, appelé gravure en relief, est à l'opposé de la gravure taille douce, ou en creux, pour laquelle les traits gravés reçoivent l'encre et donnent des noirs.
Il convient donc d'être certain de ses choix en matière de noir et de blanc avant de graver car retirer de la matière est généralement irrémédiable. Sur l'une des images, je montre le repère réalisé à l'aide d'une croix, m'aidant à savoir que cette partie ne doit pas être gravée. Au début de ma pratique de la linogravure et de la gravure sur bois, j'ai dû m'adapter à cette gymnastique qui pense "à l'envers". D'ailleurs, toute image imprimée, qu'elle soit une gravure en relief, en creux, un monotype, une lithographie, est inversée à l'impression, ce dont il faut tenir compte si l'on souhaite une composition adoptant un sens précis, ou même si l'on souhaite insérer de l'écrit.
Détails de la matrice en cours